The coldest story ever told
Quand la détresse du coeur devient celle du corps.
Pourquoi je n'arrive pas à sortir de ce gouffre ? Je regarde le ciel depuis des années sans jamais pouvoir m'en rapprocher, je reste au fond sans pouvoir remonter ce mur qui me paraît si grand, infini. Tout est fade, la vie n'a pas de goût, d'odorat, aucune sensation. Il y a Toi, et lui depuis peu, qui me tenez suspendue pour ne pas rester au fond, mais c'est difficile de te regarder essayer de me tirer difficilement d'ici. Je lutte, promis, pour ne pas me laisser envahir par la noirceur qui se trouve autour de moi, savez-vous à quel point il est difficile de vivre dans le noir ? On pense que je fais exprès, que c'est une question d'envie, je vous répondrais que si c'était le cas j'en serais sortie depuis bien longtemps. C'est là, encré au fond de moi, le mal s'accroche, s'agrippe et refuse de s'en aller.
Je voudrais te demander : pourquoi penses-tu que rien ne me donne envie ? pourquoi je semble lassée chaque soir ? car chaque journée et une épreuve de plus. Et chaque matin, chaque journée, chaque soir je suis vidée, c'est dur d'être en forme dans ce cas. Je parle de l'épuisement moral, c'est celui-ci qui est le plus dur à affronter et c'est celui-là même qui entraîne l'épuisement physique. Je suis amenée à penser que je m'inflige cette maladie sans nom pour me punir de vivre. Tant de fois je me suis souhaitée quelque chose de grave, une maladie, un accident et paf, la voilà. Impossible à détecter, mais je n'ai pas pensé à demander : "docteur pouvez-vous voir les maladies du coeur ? "
Aujourd'hui j'attends la rédemption, j'attends le droit de vivre. Je voudrais que mes démons s'en aillent. Je ne dis pas que tout est leur faute, seulement lorsque l'on nait d'un mélange de noirceur, de tristesse et d'absence d'amour on ne commence pas avec toutes les chances de son côté. Souvent je me demande : pourquoi ont-ils voulu de moi ? pourquoi a-t-il fallu que je sois le survivant, que je gagne la première bataille, il y en avait tellement d'autres mais non, ce fut moi.
Et me voilà.